Charlevoix, LE SENTIER DES CAPS – Sur le sentier, du temps fou.

mars 19th, 2011 Posted in MONTAGNE

JOUR 2

Samedi, 12 mars 2011, brouillard, quelques flocons, un peu vent à découvert


De Gribane à Cap Salut, en passant par l’Anse aux Vaches

Au petit matin, la pluie a cessé. Tout est calme. Le poêle à bois reprend du service. Le matériel qui doit voyager sans nous, est préparé en priorité. Le café est prêt, c’est l’heure du petit déjeuner. Aujourd’hui, nous doublons l’étape. Le refuge de l’Anse aux Vaches, nous servira de salle à dîner. Nous ne nous arrêterons, qu’à 14 km d’ici, au refuge du Cap Salut.

Nous sommes quand même un peu inquiet, car dans les conditions actuelles, la journée pourrait être éprouvante. La nuit dernière, j’ai du me lever 2 fois pour des crampes à la jambe gauche. Hier, France s’est infligée une bonne ampoule au tendon d’Achille.

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J’accompagne André au point d’eau, pour admirer les prouesses de la pompe à cartouche de céramique, qui permet de filtrer des particules très fines, et même les plus petites bactéries.

Les sapins autour du refuge, ont été dépouillés de leur lourde soutane de neige. Ils reposent tranquilles dans le brouillard. Ils ont l’air nu, comme des moutons que l’on vient de tondre.

Nous quittons le site à 9:00. Pour réduire le risque de crampes, j’ai pris comme résolution de m’économiser en première partie du trajet, et de m’hydrater davantage. Par contre notre vitesse de croisière semble inquiéter France et André. Avons-nous sous-estimé le kilométrage à parcourir? Au cellulaire, ils tentent de joindre l’Accueil à St-Tite, pour vérifier la possibilité de refaire transporter les gros sacs vers l’Anse aux Vaches. Pas de réponse, nous convenons du fait qu’il serait beaucoup trop tôt pour nous arrêter en début d’après-midi. Nous poursuivons notre route.

Le temps prend du mieux. La pluie est remplacée par des averses de neige occasionnelles, et un peu de vent. Toutefois la piste demeure hasardeuse. Plusieurs défoncements, et des agglutinations de neige, aux raquettes et aux bâtons. Nous croisons plusieurs points de vue, qui n’ont rien d’autre à nous offrir qu’une brume opaque.

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À 12:20 nous sommes au refuge de l’Anse aux Vaches. Une bonne chaleur nous attend. Notre temps de déplacement est plus qu’adéquat. Nous n’avons plus aucun doute sur les possibilités d’atteindre Cap Salut en fin d’après midi. Une bonne demi-heure plus tard, reposés et gavés, nous nous remettons en route. La pluie abondante de la veille n’a pas vraiment affecté l’épaisseur du tapis de neige. Par rapport à la même balade en été, nous circulons à plusieurs mètres au dessus du sol. À cette hauteur, les branches des sapins prennent un malin plaisir à nous caresser le visage. Il y a aussi beaucoup d’obstacles à franchir. Faut-il passer dessus, dessous ou contourner cette grosse branche ?

Nous voici maintenant arrivés au point d’eau de Cap Salut. Cette source est à plus de 800 mètres du refuge. Mieux vaut ne pas rater l’intersection. Je tiens compagnie à André qui doit renouveler les provisions en eau potable. Les filles partent devant, et vont préparer nos places au refuge. Finalement, le point d’eau porte mal son nom. Dans le petit trou, qui s’enfonce plusieurs mètres plus bas, l’eau se fait rare. Il s’agit plutôt d’un lit de feuilles mortes, de boue, et d’un mince filet d’eau. À force de persévérance, André parvient à extraire quelques litres du précieux liquide. La pompe se bouche souvent. Le froid gèle les mains. Nous décidons de rentrer. Le reste de l’eau potable sera générée à l’aide de neige fondue.

Lorsque je franchi le seuil de la porte du refuge, je sens qu’il y a un peu de tension dans l’air. Je lis dans le regard de Louise, que tout ne tourne pas rond. Entre autre, nous sommes 10 personnes, et il n’y a que deux tables. La troisième table, celle qui aurait permis à tous de s’installer confortablement, est sur le balcon extérieur, et complètement ensevelie. Mais le malaise vient plutôt du fait, que nous formons trois groupes de personnes, assez hétéroclites. Le 1er groupe est constitué de trois jeunes filles (28-30 ans). Elles sont arrivées les premières, et se sont installées à la table du fond. Leur attitude ne semble pas refléter l’ouverture et le partage, mais plutôt le « s.v.p. respectez notre bulle ». Il y a ce groupe de 3 jeunes hommes (18 ans) qui semblent un peu en désarroi. Ils ont l’air plutôt timides. Peut-être est-ce lié au fait qu’ils ont eux-mêmes été confrontés à l’attitude plutôt hautaine et froide du groupe des filles. Ils sont assis en cercle dans le dortoir et ont l’air embarrassés.

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Je m’empresse de leur dire de ne pas se gêner pour venir s’asseoir avec nous à la 2ième table. Nous pourrons souper tous ensemble. Ils me remercient.

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À la table du fond les filles sont dans leurs préparatifs de repas. Je fais exprès de parler fort et de dire, « il n’y aura pas de problème, pour le repas, deux des gars pourront s’asseoir à la table des filles, et l’autre sur le bout de la nôtre. À la table du fond, aucune réaction. Je me serais attendu à une réponse du genre « pas de problème on vous fait de la place ».

Nous trouvons une façon de souper à sept à notre table, pendant que ces demoiselles se prévalent du plus grand confort. Vraiment, elles ne semblent préoccupées que par elles-mêmes. Nous faisons fi de leur manque de civisme, et trouvons le moyen de passer un bon moment à table. Puis c’est l’heure du dodo.

Réveillé en milieu de nuit par un numéro un, je n’ai d’autre choix que de me mettre le bout du nez dehors. Le ciel est dégagé, il fait froid et il vente très fort. En entrant, j’essaie de raviver un peu le feu, sans grand succès. L’une des trois amazones fait son apparition. Elle aussi, doit sortir pour satisfaire ses besoins. À son retour des bécosses, elle m’aide à redémarrer le poêle à bois. Après quelques bonnes bouffées de fumées et pas mal de bruit, le feu semble vouloir tenir bon.

 


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