PYRÉNÉES 2013 – Un trek en région dévastée

juillet 11th, 2013 Posted in MONTAGNE

ÉTAPE 12

Lundi, 1 juillet 2013, soleil, nuages, pluie


De Espingo vers Bagnères de Luchon

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(1) Le refuge d’Espingo et le lac D’Oô (2) Le col de la glissade (3) La descente en balcon (4) Le téléférique et Bagnères-de-Luchon

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Notre dernière journée de trek

Nous quittons Espingo vers 8 00 hres. Aujourd’hui, c’est le dernier jour de trek. Une quinzaine de kilomètres de marche, partagée en 780 mètres d’ascension et 2045 mètres de descente. Nous nous enduisons de crème protectrice, car encore une fois le soleil est au rendez-vous.

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Nous redescendons le couloir menant au lac d’ôo, mais obliquons à droite à l’intersection du GR10. Nous sommes maintenant des randonneurs aguerris. Traversées de ruisseaux, montées abruptes, plus rien ne nous arrête. Nous voici juste au dessus du lac d’ôo et de sa chute. Ils sont minuscules, tout en bas. Notre sentier est constitué d’une mince bande de terre, tranchée à même le sol. C’est un endroit absolument vertigineux. À quelques centimètres de mes bottes, la pente herbeuse plonge verticalement vers le lac.

Trois cols à franchir

Nous atteignons un premier col sous le cap de Bassiéret. De là, nous pouvons contempler une «autre» nouvelle vallée. La piste débute par une courte descente en S. Elle s’élance ensuite sur une très longue courbe de niveaux. Celle-ci est traversée par quelques névés qu’il ne faut pas prendre à la légère. Nous prenons le soin de bien marquer nos pas, afin d’éviter tout dérapage.

Côté paysage nous sommes rudement gâtés. Nous nous déplaçons sans perdre d’altitude. Le panorama conserve son mode élargi. Nous traversons un dernier petit col rocheux, qui me fait penser à certains endroits du GR20, en Corse. Une dernière montée en lacets, un peu exténuante, nous permet d’atteindre le Col de la Coume de Bourg.

Les choses semblent vouloir se corser un peu. Le côté Nord du col est très enneigé. La pente de la partie centrale est accentuée. Elle est constituée d’une petite corniche et d’un mur de plusieurs mètres. Nous profitons un peu de cet endroit remarquable pour relaxer et casser un peu la croûte.

France et André on déjà décidé qu’ils allaient descendre en glissant sur les fesses. Cette idée ne m’enchante guère. Pendant qu’ils casent la croute, je remonte la crête vers l’Est. Je crois bien avoir trouver un passage qui me permettra de descendre sur mes deux jambes. Je reviens sur le col et termine ma collation.

André et France ont revêtu leurs habits imperméables. Ils sont prêts pour la grande descente. André s’élance le premier, un peu à l’Ouest du mur principal. France le suit. Les voici tous les deux au fond de la cuve. Pendant que je remonte la crête, Louise décide elle aussi de descendre en glissant. Au milieu de sa course, le vent relatif lui fait perdre sa casquette. Elle doit remonter à mi course pour la récupérer.

Une situation difficile

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De mon côté j’ai presque atteint l’endroit où je veux débuter ma descente. J’ai conservé mes crampons pour marcher dans l’herbe jaune. Celle-ci est presqu’aussi glissante que la neige. À peine 100 mètres plus bas, je constate avec désarrois que je me suis mis dans une salle position. J’essaie de me dépêcher, car je sais qu’ils sont tous en bas à m’attendre. Leur voix résonnent dans mes oreilles, comme s’ils étaient à un mètre de moi.

Je sens la panique m’envahir. Autour de moi tout n’est que rochers, pentes raides, falaises. Je suis dans une impasse. Je dois me résigner à retourner au col. Je suis obsédé par le fait que je retarde tout le monde. La panique augmente. J’arrive à peine à retrouver un chemin qui me semble suffisemment sécuritaire. Je dois m’arrêter et me dire à haute voix, «ça suffit, concentre toi et regarde où tu poses les pieds».

Je me retrouve enfin sur le col, à bout de souffle, déçu et sans solution. Je pourrais tenter ma chance de l’autre côté où j’ai vu un randonneur, mais cela me prendrait énormément de temps. Je me rends. Je descendrai comme les autres sur le derrière. D’en bas on me crie et on m’indique où amorcer ma glissade. Me voilà en course. À mi-pente je crois pouvoir m’arrêter et me relever, mais je reprend plutôt de la vitesse. André se précipite pour m’intercepter, car je me dirige vers quelques rochers. Heureusement je m’immobilise avant. J’en suis quitte pour un pantlalon trempé et des mains insensibles, à cause de la friction sur la neige. Je me remets peu à peu de mes émotions et des effets engendrés par une surdose d’adrénaline.

Une fin de parcours aérienne

Après un passage en fond de cuvette à travers un grand troupeau de moutons, le GR10 s’accroche au flanc Ouest de la crête descendante. Cette section de piste en balcon, est très aérienne. Elle procure entre autres quelques vertiges, mais surtout des points de vue à couper le souffle.

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Pour nos derniers moments de descente le sentier tient à nous rappeler que c’est dans des circonstances difficiles que nous avons effectué ce trek. En maints endroits, le terrain montre les blessures que lui a infligée dame nature. Il faut alors redoubler de prudence. La piste, par endroit bien lavée, a perdu sa partie planche. Les pieds pourraient facilement glisser sur la terre sablonneuse. Nous serions projetés dans la pente herbeuse, dont l’angle ne permet pas de conserver un randonneur sur ses deux pattes.

Nous voici finalement en vue du centre de Ski de Bagnères et Luchon. Derrière nous, le temps a bien changé. De gros nuages violets se sont lancés à notre poursuite.

Heureux d’arriver sur le sommet du centre, nous cherchons un restaurant pour nous repaître. On nous dit que tout est fermé….. Louise demande alors comment il se fait qu’il y ait des bus et des voitures dans le stationnemt. On nous répond que ceux-ci sont prisonniers de la montage. La route entre le sommet et Luchon a été emportée.

Devant nous, l’embarcadère des télécabines qui descendent vers Bagnères-et-Luchon. Au-dessus de nous, de grosses gouttes de pluie. Nous aurions aimé compléter la descente jusqu’à la ville. Par contre celle-ci s’enfonce rapidement en forêt et pourrait s’avérer assez banale. En plus avec la pluie, cela pourrait carrément devenir désagréable.

À chaque couple sa télécabine. Entre les gouttes de pluie, qui s’écoulent sur le plexiglas, nous regardons cette tache grisâtre reposant au fond de la vallée. Au fil des secondes, elle prend de la définition, du relief. Dès notre sortie de la télécabine, nous nous dirigeons vers la maison de tourisme. Là-bas on s’occupe de nous, comme on ne l’a jamais vu. En quelques minutes, on nous informes sur les activités possibles, et on nous trouve une chambre d’hôtel. Quel service!

Nous n’avons pas vue de gouttes de pluies depuis bien des jours. Mais aujourd’hui, nous n’avons pas le temps de nous rendre à l’hôtel sans que l’orage nous tombe dessus. Mais on s’en fout. La partie aventure plein air est maintenant derrière nous…

Les prochains jours seront dédiés à la visite de quelques villes. Une peu de repos avant notre retour au Québec.

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  1. One Response to “PYRÉNÉES 2013 – Un trek en région dévastée”

  2. By Josée on Juil 26, 2013

    Merci, merci Jean Pierre de m’voir fait rêver en regardant ces images plus que sublimes, je comprends votre emerveillement, même si je vous trouve très courageux d’avoir entrepris ce périple. Nous commenterons tout ça lors de ma visite chez vous. Je vous embrasse tous les quatre.

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